33 189 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi en 2020
Les dirigeants expérimentés à la tête de PME premières victimes de la crise
L’association GSC, en partenariat avec Altares-D&B, dévoile sa 5ème édition de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, pour l’année 2020. Cette année fut exceptionnelle à bien des égards en raison de la crise sanitaire et économique mondiale de Covid-19 : 33 189 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi, soit une baisse de 31,3% vs 2019. Un chiffre* qui peut surprendre, mais qui s’explique en grande partie par les mesures gouvernementales mises en place pour faire face à la crise de la Covid-19, qui ont protégé temporairement les dirigeants de la faillite. Étonnamment aussi, les chefs d’entreprise expérimentés à la tête de PME sont les premiers à être impactés pour la perte d’emploi des dirigeants.
Anthony Streicher, Président de l’association GSC commente : « Nous ne pouvons pas nous réjouir de cette baisse historique du nombre de chefs d’entreprise en situation de chômage. Ces chiffres ne sont malheureusement qu’un mirage qui doivent inciter à redoubler de prudence. Les dispositifs de l’État ont permis aux entreprises de maintenir la tête hors de l’eau, mais ne soyons pas naïfs, l’arrêt progressif des aides va provoquer un raz-de-marée pour des milliers de chefs d’entreprise. »
Les chefs d’entreprise expérimentés les plus touchés
En 2020, 33 189 chefs d’entreprise ont fait face à une liquidation judiciaire de leur entreprise, le chiffre le plus bas depuis la création de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs.
Ces dirigeants « senior » expérimentés (âge moyen 48 ans) vont sans aucun doute faire face à plus de difficultés pour se sortir de cette situation.
« Notre devoir est de sauver tous les entrepreneurs, ces femmes et ces hommes qui créent de la richesse et des emplois dans notre pays. La crise s’attaque à des chefs d’entreprise installés dans leur vie personnelle qui peuvent avoir des charges familiales et une pression financière lourdes. J’ai demandé à ce que le plafond et les conditions d’accès à l’allocation des travailleurs indépendants (ATI) soient temporairement modifiés jusqu’au 30 juin 2022. Mais, au-delà de la situation d’urgence, tous les dirigeants doivent avoir connaissance des filets de sécurité existants et des moyens de protéger sa famille, ses revenus quand tout s’écroule. C’est notre responsabilité collective de les informer pour éviter des situations dramatiques. » explique Anthony Streicher.
Les gérants de petites entreprises les moins impactés
Les entrepreneurs dirigeants de structures de moins de 5 salariés ont connu le plus fort recul de perte d’emploi en 2020. La raison ? Il s’agit généralement d’entreprises récentes qui ont su s’adapter à la crise grâce à une transformation rapide pour s’adapter au contexte (notamment transformation digitale et télétravail).
A contrario, les dirigeants de PME (souvent installés depuis plusieurs années dans leur secteur) ont connu la plus forte progression (+ 20,9 % en un an).
De même, les dirigeants de structures enregistrant un chiffre d’affaires de plus de 2 millions d’euros ont moins bien résisté que la moyenne : l’agilité nécessaire dans un contexte de crise n’est pas toujours très bien développée dans des structures importantes.
« Un record de création d’entreprises, un nombre de défaillances au plus bas depuis 30 ans ! Dans un contexte économique et sanitaire inédits, ces remarquables indicateurs de performance ne font toutefois pas illusion. En 2020, l’économie réelle a mis un genou à terre et les entrepreneurs se sont efforcés de tenir au prix d’efforts humains et financiers exceptionnels. Heureusement, l’horizon s’éclaircit enfin. La reprise se profile mais avec elle, aussi, le durcissement du risque commercial et financier. Le nombre de dirigeants en situation de perte d’emploi devrait augmenter en 2021 et plus encore en 2022. C’est pourquoi Altares et l’Association GSC portent ensemble depuis 5 ans cet Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. Sensibiliser chaque dirigeant à l’importance de se garantir contre la perte d’emploi : un enjeu social et économique majeur. » explique Frédéric Barth, Directeur Général d’Altares.
Tous les secteurs en baisse
Les secteurs de la construction (7 179) et du commerce (7 056) représentent près de la moitié des pertes d’emploi d’entrepreneurs (malgré toutefois une baisse). Les plus faibles reculs concernent les activités de commerce « non-essentielles » qui ont fermé administrativement pendant les deux confinements de 2020 : – 25,9 % pour l’habillement et – 33,5 % pour l’alimentation.
Les aides de l’État envers les secteurs à l’arrêt pendant la crise ont permis de contenir temporairement la perte d’emploi des dirigeants. Dans les domaines de l’hébergement, de la restauration (qui concentre plus de 3/4 des chefs d’entreprise impactés) et du débit de boissons, 4 377 dirigeants ont perdu leur emploi en 2020.
De même, 4 372 entrepreneurs du secteur du service aux entreprises ont perdu leur emploi l’an dernier. En revanche, les activités liées à l’emploi (particulièrement en difficulté en 2019) connaissent le plus fort recul de perte d’emploi de leurs dirigeants (- 45,5 %), il en va de même pour l’activité de nettoyage de bâtiments (416 entrepreneurs impactés vs 624 en 2019).
Le secteur information et communication – également concerné par la baisse – connaît quant à lui la plus faible évolution de ses chiffres : 935 entrepreneurs ont perdu leur emploi en 2020, contre 1 158 en 2019.
Tous les départements français en baisse, sauf la Martinique
L’ensemble du territoire hexagonal enregistre une diminution du nombre d’entrepreneurs en situation de perte d’emploi. Les régions Ile-de-France (23,9 %), Auvergne-Rhône-Alpes (10,8 %) et PACA (10,7 %) représentent à elles seules près de la moitié des pertes d’emploi en France. Trois régions connaissent la plus forte baisse des pertes d’emploi des dirigeants (plus de -35 %) : Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Centre-Val de Loire.
Les territoires d’Outre-mer font en revanche face à un recul moins important (- 6,2 %), avec en tête de liste la Martinique et son augmentation significative de 61,4 % de la perte d’emploi de ses entrepreneurs.
*les chiffres de l’étude sont issus d’Altares-D&B