Suite du digest du rapport de synthèse France Intelligence Artificielle dont nous avions dressé il y a quelques semaines le contexte et les enjeux.
Aujourd’hui, nous allons découvrir quelles sont les recommandations qui font suite à cet état des lieux.
- Projets Initiative Intelligence Artificielle (initIA)
Mise en place d’un financement attribué à un seul porteur et son équipe proposant un projet innovant et ambitieux (avec prise de risque) relevant de l’IA, sur une longue période (5 ans), avec deux niveaux de financements/difficultés (jeune chercheur / chercheur confirmé).
Bénéfices : Maintien des compétences en IA en France et financements français.
Coût sur 10 ans : 550M€
- Projets aux interfaces (IA+X)
Soutenir des projets collaboratifs nécessitant une recherche aux interfaces. Ces projets devraient être typiquement d’une durée de 5 ans. Ils devront être portés par au moins 2 chercheurs principaux de domaines différents, dont au moins un d’IA.
Coût sur 10 ans : 300M€ - Très grande infrastructure pour l’Intelligence Artificielle
Lancer une très grande infrastructure pour l’IA, ce qui inclut : des capacités de calcul, la mise en place de bases de données, de données étiquetées, et de corpus pour accélérer les travaux, la mise en place de corpus en Français, une plate-forme d’accès aux logiciels développés par les différentes équipes, des personnels pour opérer ces plates-formes (logiciels, interface, et ASR).
Coût sur 10 ans : 150M€ - Centre pour l’Intelligence Artificielle
Création d’un Centre pour l’Intelligence Artificielle Français, pour organiser des séminaires spécialisés (en IA ou pour l’interdisciplinarité), comme lieu de rencontre entre académiques et industriels (grands groupes et startups), pour héberger des équipes souhaitant lancer un projet commun et permettant également quelques résidences.
Coût sur 10 ans : 70M€ - Associer les industriels à la recherche amont
Cela correspond à 3 initiatives : Cibler une partie des financements accordés aux industriels (que ce soit dans le cadre du CIR ou du PIA) sur des collaborations réelles et formalisées avec des équipes de recherche académiques, mettre en place des chaires industrielles dans les universités et les organismes de recherche, faciliter le temps partagé industrie/académique, en particulier en assouplissant les conditions administratives et financières de cumul pour les chercheurs titulaires.
Ces 3 initiatives correspondant à des crédits déjà existants, ou à des modifications organisationnelles, elles n’engendrent pas de coûts propres.
Si les 3 dernières initiatives sont manifestement auto-financées, qu’en est-il des projets qui précédent et dont le total se monte à plus de 1 milliard d’euros, certes sur 10 ans mais quand même ! Qui va financer, selon quelles modalités ?
On peut également se poser la question qui dérange: l’IA, à moyen-long terme, va détruire de l’emploi, c’est inexorable.
Même si elle en créera dans d’autres secteurs et à plus petite échelle (je vous renvoie vers cet article, en anglais, de The economist), on ne sait pas encore dans quelles proportions ni quelles seront les mesures palliatives au niveau macro-économique,
Le risque politique de tels investissements est donc réel.
Mais prendre le risque de ne rien faire est certainement encore plus grand.