Avec l’appui d’Altares, l’Institut Anaxagore, think tank qui se positionne comme un Observatoire des lois et de la transformation entreprises a interrogé les chefs d’entreprises sur leur perception des enjeux et du degré d’accomplissement de la transformation de leur société.
Quelle que soit sa taille ou son secteur d’activité, toute entreprise se trouve en effet confrontée à la nécessité de s’adapter à la révolution technologique en cours et à l’intensification de la concurrence étrangère.
Leur « transformation », entendue comme le processus devant déboucher sur l’émergence d’un nouveau modèle stratégique et managérial, prenant en compte les nouveaux impératifs technologiques, économiques mais aussi sociétaux, se présente donc comme un enjeu majeur pour les entreprises françaises qui veulent s’imposer dans la compétition internationale.
Organisée en avril 2018 auprès de 5000 PME et 751 ETI indépendantes (pour un total de près de 200 répondants), cette enquête a été réalisée sous la forme d’une liste de 13 questions organisées autour de 4 chapitres :
- Les finalités de la transformation pour l’entreprise
- Les domaines de la transformation
- Les conditions de réussite pour se transformer
- La mesure du succès de la transformation
Leurs réponses, souvent loin des représentations habituelles, permettent de mettre en lumière le niveau de maturité opérationnel des chefs d’entreprises concernant la transformation en cours au sein de leurs sociétés, les enjeux qu’ils jugent prioritaires pour les années à venir, et les initiatives qui leur semblent les plus pertinentes à prendre pour y parvenir.
1- La transformation : un enjeu perçu comme essentiel, mais parfois reporté au lendemain
Lorsqu’on les interroge, près d’un tiers des chefs d’entreprises ne juge pas indispensable d’entamer sans attendre une transformation au sein de leur société (32,4% des sondés). Ce chiffre révèle que les enjeux de transformation sont encore loin d’avoir pénétré les esprits de tous les dirigeants d’entreprises français.
De plus, près de la moitié des sondés (44,8% précisément) estime que la transformation, lorsqu’elle est enclenchée ou décidée, n’a pas vocation à aboutir avant un délai de 3 ans ou plus, ce qui suggère une fragilité au niveau de leur vision stratégique sous-jacente.
Alors qu’ils sont 65,4% à estimer que la transformation de leur entreprise doit être globale pour être efficace, un tiers d’entre eux (34,6%) considère pourtant qu’elle doit avant tout être ciblée sur un élément en particulier (digital, financier, managérial, supply chain, etc.). Ce résultat indique une vision encore floue de ce qu’est la transformation, ainsi qu’un déficit de maturité sur ses enjeux.
2- La dimension sociale au cœur des transformations à venir
Près de 4/5ème des interrogés estiment que le processus de transformation doit passer avant tout par ses dirigeants pour être efficace (79,6%). Mais ils sont presque aussi nombreux à considérer qu’il s’agit d’une démarche collective, engageant utilement salariés et partenaires sociaux de l’entreprise (71,4%).
L’adhésion des salariés et partenaires sociaux de l’entreprise aux changements en cours au sein de l’entreprise est ainsi considérée comme indispensable pour porter la transformation de l’entreprise par 6 chefs d’entreprise sur 10 (60,9% précisément).
Ces résultats reflètent sans doute une appropriation par les dirigeants du dialogue décentralisé au sein de l’entreprise porté par les Ordonnances Travail de 2017. Ils soulignent aussi la place dans le processus de transformation désormais accordé par les dirigeants au « co-pilotage » de l’entreprise entre la direction et les salariés.
Autre signe de cette évolution et de la prise de conscience par les chefs d’entreprises de la dimension sociétale et globale de leur activité, 57,1% des sondés envisagent la modification de la définition de l’objet social de l’entreprise dans le Code Civil comme nécessaire ou en tout cas souhaitable.
Ces réponses très marquées pourraient dessiner l’esquisse d’un nouveau modèle possible de « co-gestion » de l’entreprise à la française.
3- Les normes et la complexité administrative, principal ennemi de la transformation
Autre enseignement de cette enquête, les chefs d’entreprises identifient un certain nombre de verrous importants à leurs yeux, qui viendraient freiner leur transformation et leur développement.
Alors que la quasi-totalité d’entre eux désigne la croissance comme objectif principal pour 2018, et que 66,2% des répondants identifient le développement commercial comme le principal défi pour leur entreprise, les chefs d’entreprise interrogés soulignent l’existence de contraintes lourdes venant s’accumuler, au risque de freiner cette volonté, et finalement de brider la confiance.
Ils sont ainsi plus de deux tiers à considérer que la transformation pourrait être ralentie par les charges administratives et l’excès de normes qui s’abattent sur les entreprises.
Le prélèvement à la source arrive largement en tête des préoccupations (86,6%), signe que les chefs d’entreprise ne se sentent pas prêts à sa mise en oeuvre effective au 1er janvier 2019.
S’ajoute à cela une pression fiscale toujours jugée excessive par 58,8% des sondés qui y voient, avec les difficultés de recrutement (51,6%), les autres principaux freins à la transformation.