Hausse de 61 % des défaillances d’entreprises en Bretagne sur un an, 11 points de plus que la moyenne nationale (+ 50 %).
La région compte encore 400 défauts de moins qu’en 2019 (-20 %).
89 PME de moins de 50 salariés ont défailli (+64,8 %), un nombre proche de celui de 2019 (91).
Plus de 4 100 emplois sont menacés, soit 3,6 emplois par défaut en moyenne.
Restauration et second œuvre du bâtiment en tête des défaillances.
Avec 1589 procédures ouvertes sur l’année, le nombre de cessations de paiement accuse une hausse historique de 61 % par rapport à 2021. C’est toutefois 400 défauts de moins qu’en 2019. Si le retour aux normes d’avant Covid s’amorce depuis un an, l’augmentation des défaillances s’accélère de manière alarmante pour les très jeunes entreprises et les PME. Dans ces conditions, 4 100 emplois directs sont aujourd’hui menacés.
Thierry Millon, directeur des études Altares : « En Bretagne, en cumul sur 3 ans depuis 2020, moins de 4000 entreprises ont fait défaut contre plus de 6 200 durant les trois années précédentes. 2 200 défaillances ont ainsi été « épargnées » grâce notamment aux dispositifs d’aides publiques déployés pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine. Pourtant, si le risque a été anesthésié, évitant la déferlante tant redoutée des faillites, les entreprises ne sortent pas indemnes de ces longs mois de turbulences. Entre inflation et crise énergétique, le climat se complique encore et les fonds propres sont mis à contribution. Or, l’Observatoire du Financement des Entreprises notait dans son rapport de mai 2021 sur les fonds propres des TPE et PME que si l’essentiel de ces entreprises a affronté la crise avec des situations en fonds propres renforcées avant la Covid, une partie disposait, en revanche, de structures financières très dégradées (un tiers des TPE) ou était insuffisamment capitalisée (20 % des PME analysées). De son côté, la Commission européenne alerte sur le poids excessif de la dette des entreprises non financières de l’Union qui représentait 111 % du PIB des 27 à fin 2020, soit 14 900 milliards d’euros. Or, le manque de fonds propres handicapant pour investir et se financer est un signal prépondérant du risque de défaillance. »
Les défaillances d’entreprises en Bretagne par taille
Les TPE concentrent l’essentiel des défaillances d’entreprises en Bretagne (94 %) et donnent donc le ton pour les tendances régionales. Près de 1500 (1493) entreprises de moins de 10 salariés ont défailli en 2022, un nombre en augmentation de 60,9 % mais encore inférieur de 387 par rapport à celui de 2019.
Près d’un quart des TPE est de création récente (moins de trois ans). Or ces jeunes entreprises sont très vulnérables : leur nombre (351) a plus que doublé sur un an (+114%).
Pour les PME, la tendance accélère fortement, tout particulièrement pour celles de moins de 50 salariés : 89 jugements en redressement ou liquidation directe, une hausse de près de 64,8 % sur un an soit un niveau proche de 2019 (91).
Les sociétés de plus de 50 salariés résistent à peine mieux (+40 %) mais sont peu nombreuses (7).
Dans ces conditions, le nombre d’emplois menacés bondit et passe de 2600 en 2021 à 4100 en 2022. C’est donc 1 500 de plus sur un an.
Les défaillances d’entreprises en Bretagne par secteur
Construction
Le secteur de la construction, qui concentre près du quart des faillites, repasse au-dessus des 300 défauts avec 343 procédures ouvertes soit 66,5 % de plus qu’en 2021. Une tendance atténuée par le gros œuvre (66 ; +18 %) tandis que le second œuvre affiche une dégradation rapide (189 ; +71 %).
Commerce
Le commerce dépasse également 300 défauts (352), en hausse de 85,3 %.
Le commerce de détail affiche les tendances les plus sévères (226 ; +101,8 %) en particulier dans le détail alimentaire (+172 %) ou l’habillement (+79 %).
Services
Dans les services aux entreprises (216), les défauts augmentent de 43 %. Une tendance ralentie par les services administratifs (110 ; +18 %). A l’inverse, les services scientifiques techniques sont à la peine (106 ; +83%), avec notamment le conseil en communication et gestion (+56 %) ou les activités d’architecture et d’ingénierie (+70 %).
Dans les services aux particuliers, la dégradation est rapide (+77 %), où les activités de coiffure et soins de beauté (50 ; +213 %) retrouvent les niveaux de 2020 et 2019.
Industrie
Dans le secteur de l’industrie, le nombre de défaillances d’entreprises (126 ; +56 %) renouent avec les niveaux de 2019 (130). Si la manufacture résiste mieux (65 ; + 20%), l’agroalimentaire (61) dérape de +126 %, tirée par les boulangers-pâtissiers (+129 %).
Transports
Dans le transport routier de marchandises (34 ; +62 %) la sinistralité est au plus haut depuis 2014 (39).
Restauration
Dans les activités de restauration le nombre de défaillances (149) s’est envolé de + 126 %, tiré par la restauration assise (101 ; +120 %) et la restauration rapide (49 ; +133 %). Les débits de boisson (54 ; +135 %) sont également durement touchés tandis que l’hébergement résiste très bien en présentant des niveaux stables (10 ; 0%).
Agriculture
Après une année 2021 compliquée (+37%), l’agriculture est dans le vert en 2022 (87 ; -16 %).