Hausse de 37,4 % des défaillances d’entreprises en PACA sur 1 an, tendance très inférieure à la moyenne nationale (+49,7 %).
La région compte encore 857 défauts de moins qu’en 2019 (-16 %)
249 PME de moins de 50 salariés ont défailli, un chiffre en forte augmentation (+61 %).
Près de 12 600 emplois sont menacés soit 2,8 emplois par défaut en moyenne.
Les jeunes entreprises sont plus vulnérables (+75 %) en 2022.
Restauration et maçonnerie en tête des défaillances.
Alpes-Maritimes et Bouches-du-Rhône (+30%) ralentissent la hausse régionale
Avec 4 366 procédures ouvertes sur 2022, le nombre de cessations de paiement est en hausse de plus de +37 % par rapport à 2021. On dénombre toutefois 860 défauts de moins qu’en 2019. Si le retour aux normes d’avant Covid s’amorce depuis un an, l’augmentation des défaillances s’accélère pour les très jeunes entreprises et les PME. Dans ces conditions, 12 600 emplois directs sont aujourd’hui menacés.
Thierry Millon, directeur des études Altares : « En Provence-Alpes-Côte d’Azur, en cumul sur 3 ans depuis 2020, moins de 11 300 entreprises ont fait défaut contre plus de 16 800 durant les trois années précédentes. 5 500 défaillances, soit plus d’une année de défaillances, ont ainsi été « épargnées » grâce notamment aux dispositifs d’aides publiques déployés pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine. Pourtant, si le risque a été anesthésié, évitant la déferlante tant redoutée des faillites, les entreprises ne sortent pas indemnes de ces longs mois de turbulences. Entre inflation et crise énergétique, le climat se complique encore et les fonds propres sont mis à contribution. Or, l’Observatoire du Financement des Entreprises notait dans son rapport de mai 2021 sur les fonds propres des TPE et PME que si l’essentiel de ces entreprises a affronté la crise avec des situations en fonds propres renforcées avant la Covid, une partie disposait, en revanche, de structures financières très dégradées (un tiers des TPE) ou était insuffisamment capitalisée (20 % des PME analysées). De son côté, la Commission européenne alerte sur le poids excessif de la dette des entreprises non financières de l’Union qui représentait 111 % du PIB des 27 à fin 2020, soit 14 900 milliards d’euros). Or, le manque de fonds propres handicapant pour investir et se financer est un signal prépondérant du risque de défaillance. »
Les défaillances d’entreprises en PACA par taille
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les TPE concentrent l’essentiel des défaillances (94 %) et donnent donc le ton pour les indicateurs régionaux. 4106 entreprises de moins de 10 salariés ont défailli en 2022, un nombre en augmentation de 36,5 % sur l’année, mais encore inférieur de plus de 880 par rapport à 2019. Plus de 630 TPE sont de création récente (moins de 3 ans). Or ces jeunes entreprises sont très vulnérables : leur nombre s’envole de 75 % sur un an.
Pour les PME la tendance accélère fortement, en particulier pour celles de moins de 50 salariés. 249 d’entre-elles ont fait défaut, c’est 61% de plus sur un an. Il faut remonter à 2016 pour trouver un nombre comparable (247).
Dans ces conditions, le nombre d’emplois menacés bondit et passe de 8400 en 2021 à 12600 en 2022.
Les défaillances d’entreprises en PACA par secteur
Construction
Le secteur de la construction, qui concentre près du quart des faillites, repasse au-dessus des 1000 défauts avec 1110 procédures ouvertes soit 26 % de plus qu’en 2022. Une tendance liée aux activités du second œuvre (424 ; +30 %) et le gros œuvre (400 ; +25 %).
Commerce
Le commerce approche 990 défauts (988), en hausse de 43 %.
C’est dans le commerce de détail que les tendances sont les plus sévères (+54 %) notamment dans le sport & loisirs (+73 %) ou l’alimentaire (+67 %).
Services
Les services aux entreprises (606 ; +39 %) sont proches de la moyenne régionale tandis que les services aux particuliers, dérapent de +50 %, tirés notamment par les activités de coiffeurs et soins de beauté (+89 %) dont le nombre de défaillances d’entreprises (154) est au plus haut depuis 2017 (185).
Industrie
La manufacture résiste (128 ; +17 %) à l’inverse de l’agroalimentaire (105 ; +84 %), qui compte les boulangers-pâtissiers (+63 % ; 65).
Transports
Le retournement est rapide dans le transport routier de marchandises (103 ; +66 %), qu’il s’agisse de l’interurbain (+65 %) ou du transport de proximité (+65 %).
Restauration
Dans les activités de restauration le nombre de défaillances (487) augmente de 44% tiré par la restauration assise (309 ; +56 %) alors que la restauration rapide semble mieux résister (176 ; +32%). L’hébergement fait encore mieux avec un recul des défauts de 5%.
Agriculture
Dans l’agriculture (+34,8 %) qui fait un peu mieux que la moyenne régionale, les activités de soutien à la culture (27 ; +80 %) sont fragilisées.
Thierry Millon conclut : « Il y a un an, nous rejetions l’hypothèse d’une explosion des défaillances en 2022, en anticipant malgré tout une hausse sensible des défauts. Si le cataclysme n’a pas eu lieu, le rythme est plus soutenu qu’envisagé, faisant craindre un retour aux valeurs d’avant crise plus tôt que prévu. 2019 s’était achevé sur 52 000 défaillances, 2023 pourrait dépasser ce seuil et nous ramener aux valeurs de 2017 au-delà de 55 000. La Provence-Alpes-Côte d’Azur pourrait alors dépasser 5200 défauts. Un nombre certes important mais plutôt raisonnable au regard du contexte très difficile que nous traversons.
Pour certaines TPE et PME, les chances de survie sont compromises. Pour certaines, la fragilité de leur structure financière est en cause. Pour d’autres c’est paradoxalement leur incapacité à honorer des carnets de commandes pourtant bien remplis qui pourrait les amener au défaut. En cause, les difficultés d’approvisionnement, l’explosion des coûts des matériaux et les problèmes de recrutement. Dans tous les cas, les prêteurs seront plus exigeants et se concentreront sur les sociétés dont les bilans seront les plus solides.
Les contraintes financières (remboursement des dettes Covid et notamment PGE ; inflation ; hausse des taux ; facture énergétique, etc.) sont malheureusement vouées à peser toujours plus lourd. Alors que les tensions sur les trésoreries des entreprises se font déjà ressentir, le financement de l’exploitation et donc du BFR (Besoin en Fonds de Roulement) aura à n’en pas douter l’attention des directions financières des TPE PME comme des ETI. »
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