Comportements de paiement des structures publiques et privées en France et en Europe S1 2023

18 pages

60 minutes de lecture

Comportements de paiement des structures publiques et privées en France et en Europe S1 2023

En France comme en Europe, 1 entreprise sur 2 paye ses factures à temps, mais la recrudescence de gros retards de paiements inquiète

Thierry Millon, directeur des études Altares :

« Au cours de ce premier semestre 2023, dans un contexte de ralentissement de l’activité conjugué à une inflation toujours forte et des taux d’intérêt plus élevés, l’étau s’est resserré sur les trésoreries et a contrarié les bonnes intentions observées en 2022. Les organisations retrouvent leurs anciennes habitudes, semblant ne pas pouvoir durablement s’écarter du référentiel des 12 jours en France et 13 jours en Europe en moyenne. L’initiative de la Commission européenne (2) visant à ramener les délais de règlement à 30 jours va devoir composer avec des habitudes de paiements interentreprises très contrastées au sein de l’Europe. »

En Europe, le plafond des 13 jours finalement difficile à briser

Les multiples crises qui secouent la France et l’Europe depuis 2020 pourraient-elles avoir raison de l’amélioration des comportements de paiement observée ces derniers mois ? Car depuis l’été 2020, après avoir été au plus haut avec 14,5 jours en France comme en Europe, les retards de paiement se réduisaient progressivement. Mais trois ans après, l’Europe butte sur le seuil « traditionnel » de 13 jours quand la France retrouve le sien à 12 jours.

Sur le podium des « bons élèves », la Belgique en difficulté, l’Allemagne et les Pays Bas inébranlables.

La Belgique enregistre un 4ème trimestre consécutif à la hausse et présente désormais 11,4 jours de retards de paiement en moyenne. Le pourcentage d’entreprises réglant leurs factures à l’heure retombe nettement sous 50% (46,7%). La part des grands retardataires est au plus haut (6,4%) depuis deux ans. Habitué du podium des « meilleurs payeurs », le pays pourrait laisser sa place à son voisin français.

Les Pays-Bas et l’Allemagne, les deux leaders historiques, ne vacillent pas et se maintiennent sous le seuil des 7 jours, à respectivement 4,1 jours et 6,2 jours. Cette « culture payeur » conduit à ce que plus des trois quarts (76,7%) des entreprises néerlandaises et près des deux tiers (62,4%) des entreprises allemandes règlent leurs fournisseurs sans retard. A noter toutefois, la situation se dégrade légèrement en Allemagne.

En France, le nombre de bons payeurs est au plus haut, mais les gros retards sont aussi plus nombreux

En France, le retard moyen remonte légèrement à la défaveur de retards supérieurs à 30 jours plus fréquents (7,6% contre 5,7% il y a un an). La proportion de bons payeurs est à son plus haut historique, tout proche de 50% (49,3%), un ratio comparable à celui de l’Europe (49,9%).

La situation se tend fortement chez les PME mais aussi les TPE.

En 2022, les PME françaises renouaient avec leurs comportements d’avant crise Covid, passant sous les 12 jours. Au cours du 1er semestre 2023, les sociétés de 10 à 49 salariés se maintiennent sous 11,5 jours. Mais les entreprises de 50 à 200 salariés voient leurs retards s’allonger de plus d’une journée sur un an(12,4 jours en T2 2023 vs 11,2 en T2 2022). Constat diamétralement inverse chez les TPE. Les plus grosses structures - plus de 3 salariés - se maintiennent aux environs de 11,5 jours tandis que les plus petites, de moins de 3 salariés, repassent à 12,2 jours au 2e trimestre 2023. Les ETI et grandes entreprises de plus de 1000 salariés ne confirment pas en 2023 l’amélioration engagée l’année précédente. Réduits à 16,5 jours durant l’été 2022, les retards moyens avoisinent désormais 18 jours (17,7 au 2eme trimestre).

Thierry Millon : « Les premières analyses de l’été confirment l’incertitude du premier semestre. Les PME restent à la peine. Mais c’est sur le périmètre des très petites entreprises que les tensions seraient les plus fortes. Les TPE de moins de trois salariés pourraient approcher 13 jours de retard sur le troisième trimestre 2023, un niveau très inhabituel pour une population généralement contrainte à des règlements plus prompts. »

Vous souhaitez en apprendre
plus ?

Bienvenue sur notre espace d’aide en ligne, veuillez choisir une des options ci-dessous.

Prenez rendez-vous avec un expert