Gestion des relations fournisseurs : vers la « calinothérapie »
Selon 70% des répondants, la continuité et la sécurisation des Achats et des approvisionnements seront des préoccupations plus importantes en 2018 qu’en 2017. Un résultat tout à fait significatif et qui témoigne de la tension qui peut exister sur les chaines d’approvisionnement. En effet, l’une des principales craintes des DA est de ne pas être livrées en temps et en heure, à la qualité attendue. Une préoccupation qui va se renforcer avec la reprise économique et l’augmentation des carnets de commande. Un exemple parmi d’autres en IdF : le secteur de la construction et la mise en œuvre de grands projets comme les JO de 2024 qui vont engendrer une certaine tension sur les marchés fournisseurs.
Plus globalement, la gestion des risques fournisseurs demeure une question centrale chez les répondants puisque 75% d’entre eux déclarent avoir des objectifs en la matière en 2018, un chiffre stable par rapport aux années précédentes. Il y a en revanche une différence assez nette entre le privé et le public, puisque 76% des acheteurs du privé possèdent des objectifs de gestion des risques fournisseurs, contre 61% pour les acheteurs du public. Il existe également des différences sur le sujet selon certaines branches d’activité, avec des secteurs qui apparaissent très matures en la matière, du fait des réglementations en vigueur notamment (banques et assurances, santé) et des secteurs dont le cœur du business est lui-même orienté sur la gestion des risques et qui sont plus vigilants à la gestion des risques fournisseurs.
De nouvelles formes de relations avec les fournisseurs se font jour : en 2018, près de 59% des répondants affirment que leur entreprise ou leur organisation a mis en place des actions pour vendre leurs besoins à certains de leurs fournisseurs et leur donne (encore) plus envoie de travailler avec eux. Au-delà des leviers classiques en la matière, comme par exemple une meilleure visibilité sur les commandes, de plus en plus de donneurs d’ordres mettent en place des processus de co-développement, de co-innovation ou de co-investissement avec leurs fournisseurs. Toutefois, certaines initiatives restent minoritaires. Par exemple, seules 35% des entreprises valorisent leurs fournisseurs qui sont aussi leurs clients et seuls 24% des répondants déclarent avoir mis en place des incitations pour que leurs fournisseurs utilisent les produits/services de leur entreprise.
Un pilotage plus suivi des délais de paiement fournisseurs est peu à peu mis en place : Près de 69% des répondants déclarent s’assurer du respect et du pilotage des délais de paiement fournisseurs. C’est le chiffre le plus important jamais enregistré dans le cadre de cette étude, en hausse de 8 points par rapport à l’édition 2017.
Le respect des délais de paiement est un sujet hautement sensible des relations fournisseurs qui, depuis deux ou trois ans, a également pris une tournure médiatique. Mais au-delà de questions d’image, ce thème fait partie intégrante de la volonté des donneurs d’ordre en général et des directions Achats en particulier d’améliorer les relations. Aujourd’hui, seuls 16% des répondants déclarent ne pas piloter le respect de délais de paiement fournisseurs.
La lutte contre la corruption s’avère assez importante mais hétéroclite selon les secteurs : En 2018, 73% des répondants déclarent avoir signé, au cours des 3 dernières années, une charte anti-corruption ou une charte de déontologie intégrant la notion d’anti-corruption. Un résultat dans la moyenne des études précédentes et légèrement supérieur à celui de l’an dernier (71%). Une proportion relativement importante donc, qui rappelle que l’intégrité et la lutte contre le favoritisme doivent faire partie des valeurs des acheteurs.
En revanche, on observe quelques différences selon les secteurs. Dans l’automobile, l’aéronautique, la banque et l’assurance par exemple, la signature de ce type de charte est quasiment généralisée, à plus de 85%. Dans d’autres branches, y compris industrielles, la signature d’une charte est une pratique moins courante. Ce qui ne veut pas dire, au demeurant, qu’il s’agit de secteurs où il y aurait davantage de corruption ou d’acheteurs corruptibles.
Au-delà de la signature d’une charte, d’autres processus sont souvent mis en place dans les entreprises pour lutter contre la corruption, via les services de contrôle interne, les cabinets d’audit ou les commissaires aux comptes qui vont s’intéresser au respect des procédures d’Achats et compléter ainsi le dispositif.
Cette étude a été menée conjointement par le CNA (Conseil National des Achats) et le cabinet de Conseil en Achats Agile Buyer de novembre à décembre 2017 sur un panel de plus de 600 professionnels du monde des Achats. Nous en retranscrivons ici les principales conclusions parues dans le n°69 du magazine Profession Achats.