La 16ème étude annuelle « L’Entreprise en difficulté en France en 2020 » réalisée par Deloitte en partenariat avec Altares, dresse un bilan de la santé des entreprises françaises en 2020. Cette nouvelle édition fait apparaitre un état « asymptomatique » des entreprises en France avec une baisse historique des procédures collectives (-38%), en dépit d’une chute de 8% du PIB. Si le nombre de ces procédures a fortement baissé en 2020, le nombre d’emplois concernés a, quant à lui, triplé. L’étude pose la question de savoir à quel moment l’effet boomerang aura lieu au vu de la poursuite de la tendance sur le 1er trimestre 2021.
Des symptômes masqués par les statistiques générales ?
L’année 2020 est une année exceptionnelle, marquée par la pandémie mondiale du Covid-19 et un recul du PIB national de -8,3%. Dans ce contexte, 2020 entre dans l’histoire en atteignant le plus faible niveau de défaillances depuis 30 ans : 32 184 procédures, soit 19 818 procédures de moins qu’en 2019 (-38%), et un recul historique des emplois concernés (-25%). Il s’agit d’une tendance inédite et totalement différente de celle observée lors de la dernière crise majeure (crise des subprimes 2008-2009), laquelle faisait apparaitre à l’inverse une forte hausse des défaillances (+20%), malgré un recul du PIB moins marqué (-2,9%). Nous constatons une relative homogénéité de la chute des défaillances sur tout le territoire national et sur l’ensemble des secteurs. Pour la totalité des procédures collectives, les quatre principaux secteurs sont la construction (23%), le commerce (22%), les services aux entreprises (14%) et l’hébergement, restauration, et débits de boissons (13%), en ligne avec 2019. Soulignons toutefois une inversion entre les deux derniers secteurs.
La forte baisse des défaillances au global s’explique par des facteurs techniques :
- la mise en place d’aides publiques massives, notamment de Prêts Garantis par l’État (130 milliards d’euros à fin 2020), l’activité partielle (23 millards), le report de charges (27 milliards) et le fonds de solidarité (13 milliards), ayant permis de renforcer la trésorerie des entreprises,
- les modifications apportées au droit des entreprises en difficulté avec le gel de l’appréciation de l’état de cessation des paiements au 12 mars 2020 jusqu’à fin août 2020,
- ainsi que l’attitude des créanciers publics (administration fiscale et URSSAF) qui ont cessé d’assigner leurs débiteurs en procédure collective pour impayés.
Si la tendance baissière du nombre d’ouvertures des procédures collectives a été fortement accélérée pendant le premier confinement de mars 2020 et les mesures d’accompagnement mises en place (-55% au 2e trimestre 2020), elle a débuté bien avant les premiers signes de la pandémie que nous connaissons aujourd’hui. Dans l’édition
précédente de l’étude « L’Entreprise en difficulté en France en 2019. La baisse du nombre des défaillances, une situation en trompe l’œil ? », nous avions déjà constaté
une baisse du nombre d’ouvertures des procédures collectives de -9% au 2e semestre 2019 par rapport à la même période de 2018. Cette tendance s’est poursuivie sur les deux premiers mois de 2020 (« pré-Covid ») : la moyenne sur 12 mois glissants fait ressortir un recul de -8% à -9% en janvier et février 2020.