L’évolution des comportements de paiement dans les entreprises françaises face à leurs principaux partenaires commerciaux européens et les axes d’amélioration.
Retrouvez l’interview de Gilles Lambert, Product Marketing Manager Risk Altares, pour Fonction crédit (n°88, page 48), le magazine de l’AFDCC.
Dans un contexte économique international très chahuté par le Brexit, la crise sanitaire du Covid, le conflit Russie-Ukraine et les tensions sur les matières premières, les trésoreries des entreprises sont particulièrement sous tension. Les aides publiques largement déployées pour faire face à la crise Covid se sont progressivement éteintes et les entreprises n’avaient pas toutes réussi à embrasser la reprise lorsque le conflit russo-ukrainien s’est engagé. Remboursement de la dette, difficultés d’approvisionnement, inflation, crise énergétique…, aujourd’hui les liquidités s’épuisent.
Constatant que les délais de paiement contractuels excessivement longs nuisent gravement au développement des affaires, la Commission européenne adoptait, dès le 12 mai 1995, une recommandation concernant les délais de paiement dans les transactions commerciales. Le pilotage de la trésorerie repose sur le suivi de plusieurs indicateurs et parmi eux, les délais de paiement occupent une place prépondérante.
Comment réduire les délais de paiement ?
En matière de délais de paiement, l’analyse des fluctuations renseigne bien plus que le nombre de jours de retard. Être alertées en temps réel sur ces fluctuations permet aux entreprises de se concentrer sur les comptes clients qui présentent une dégradation de leurs délais de paiement afin d’anticiper le risque de défaut de paiement. Les entreprises peuvent aussi tirer profit de solutions de comparaison d’attitudes de paiement qui permettent d’identifier qu’un client honore plus rapidement ses factures chez ses autres fournisseurs.
Grâce à ces informations, elles seront en mesure d’ajuster leurs décisions de crédit, d’adapter leur stratégie de recouvrement, de modifier les conditions de paiement ou de solliciter le département commercial pour résoudre un potentiel litige et ainsi améliorer leur trésorerie. Un autre axe d’amélioration est la mise en place de la facturation électronique. Le processus numérique de traitement des factures permet d’améliorer les délais de paiement en fluidifiant et accélérant les échanges. Son bon fonctionnement repose sur un référentiel clients fiable.
Il est fortement conseillé aux entreprises d’anticiper dès à présent l’arrivée de la facture électronique en structurant leur référentiel tiers et en mettant en place des processus d’onboarding qui intègrent des évaluations 360°, à la fois sur des critères financiers, de conformité et de RSE. Au-delà du périmètre national, les entreprises françaises doivent être vigilantes sur les délais de paiement à l’international pour les raisons décrites ci-dessus. Accéder à des informations sur les entreprises, quel que soit leur lieu d’implantation, et connaître leurs comportements de paiement est un atout incontestable pour les Credit Managers.
Où en sont les retards de paiement en France et en Europe ?
En France, les retards de paiement redescendent tout juste sous le seuil de 12 jours en moyenne à fin juin 2022, gagnant près de trois jours par rapport à l’été 2020, au sortir du premier confinement Covid. Malgré cette amélioration, une marche reste encore à franchir pour revenir comme en 2018 en dessous de 11 jours de retard.
À fin juin, les entreprises européennes ont ramené leurs retards de paiement à 13 jours en moyenne contre plus de 14 jours à l’été 2020, mais cette moyenne masque de fortes disparités en valeur et en tendance. En Europe, la France n’est pas mauvais élève mais des efforts restent à faire pour approcher les meilleurs.
Les entreprises portugaises sont dans le rouge avec un niveau de retard qui reste bloqué autour de 26 jours, pendant que leurs concurrentes allemandes ou néerlandaises maintiennent leur leadership sous les 7 jours. Entre les deux, la Belgique offre, comme la France, une belle trajectoire réduisant ses retards à seulement 9 jours. L’Espagne présente également de meilleurs comportements mais les décalages de paiement sont encore supérieurs à 14 jours. En Italie, la facturation électronique, pourtant en place, favorise encore insuffisamment la baisse des retards de paiement qui ne parviennent pas à descendre sous 17 jours. Mais c’est en Irlande et au Royaume-Uni que le risque est plus marqué. À 13 jours début 2020, le retard moyen de règlements des entreprises britanniques n’a cessé d’augmenter pour atteindre 15,6 jours à fin juin 2022. Chez le voisin irlandais, la situation est pire encore puisque le retard de paiement sous 10 jours début 2020 approche désormais 16 jours.
À noter : Quand on compare les retards de paiement entre pays, il convient d’entendre que les retards sont calculés au-delà de la date contractuelle et que celle-ci diffère selon les pays.
Altares accompagne les entreprises dans la connaissance et la gestion des comportements de paiement de leurs partenaires, au travers de son programme DunTrade.