Auvergne-Rhône-Alpes : 4798 défaillances d’entreprises en 2022
Hausse de 58,8 % sur un an, près de 10 points de plus que la moyenne nationale (+ 49,9 %)
280 PME jusqu’à 50 salariés ont défailli (+69,7 %), un nombre au plus haut depuis 2018 (298).
Plus de 17 600 emplois sont menacés, soit 3,6 emplois par défaut en moyenne.
Restauration et maçonnerie en tête des défaillances.
Avec 4 798 procédures ouvertes sur l’année, le nombre de cessations de paiement accuse une hausse historique de près de 59 % par rapport à 2021. Le nombre global de procédures reste toutefois inférieur de plus de 1 100 (-19,5%) aux niveaux de 2019. Si le retour aux normes d’avant Covid s’amorce depuis un an, l’augmentation des défaillances s’accélère de manière alarmante pour les très jeunes entreprises et les PME dont plus de 300 ont défailli en 2022, un plus haut sur quatre ans. Dans ces conditions, 17 600 emplois directs sont aujourd’hui menacés.
Thierry Millon, directeur des études Altares : « Depuis 2020, en cumul sur 3 ans, en Auvergne-Rhône-Alpes, 11 600 entreprises ont fait défaut contre plus de 19 000 durant les trois années précédentes. 7 300 défaillances, soit plus d’une année de défaillances, ont ainsi été « épargnées » grâce notamment aux dispositifs d’aides publiques déployés pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine. Pourtant, si le risque a été anesthésié, évitant la déferlante tant redoutée des faillites, les entreprises ne sortent pas indemnes de ces longs mois de turbulences. Entre inflation et crise énergétique, le climat se complique encore et les fonds propres sont mis à contribution. Or, l’Observatoire du Financement des Entreprises notait dans son rapport de mai 2021 sur les fonds propres des TPE et PME que si l’essentiel de ces entreprises a affronté la crise avec des situations en fonds propres renforcées avant la Covid, une partie disposait, en revanche, de structures financières très dégradées (un tiers des TPE) ou était insuffisamment capitalisée (20 % des PME analysées). De son côté, la Commission européenne alerte sur le poids excessif de la dette des entreprises non financières de l’Union qui représentait 111 % du PIB des 27 à fin 2020, soit 14 900 milliards d’euros. Or, le manque de fonds propres handicapant pour investir et se financer est un signal prépondérant du risque de défaillance. »
Les défaillances par taille d’entreprises en AURA
En Auvergne-Rhône-Alpes, les TPE concentrent l’essentiel des défaillances (94 %), et donnent donc le ton régional. Près de 4500 entreprises de moins de 10 salariés ont défailli en 2022, un nombre en augmentation de 58,4 % mais encore inférieur de plus d’un millier à celui de 2019.
Plus d’une TPE sur cinq est de création récente (moins de trois ans). Or ces jeunes entreprises sont très vulnérables : leur nombre (971) a plus que doublé sur un an (+108%).
Pour les PME, la tendance accélère fortement, tout particulièrement chez celles comptant entre 10 et 49 salariés, avec 280 jugements en redressement ou liquidation directe, soit une hausse de près de 70 % sur un an (69,7 %), un niveau au plus haut depuis 2018. (298).
Les sociétés de plus de 50 salariés résistent mieux (+27,3%). 28 étaient en cessation de paiement en 2022 contre 22 un an plus tôt et 32 en 2019.
Dans ces conditions, le nombre d’emplois menacés bondit et passe de 9100 en 2021 à 17 600 en 2022. C’est donc 8 500 de plus sur un an.
Les défaillances par secteur en AURA
Construction
Le secteur de la construction, qui concentre le quart des faillites, repasse au-dessus des 1 000 défauts avec 1180 procédures ouvertes soit 39,2 % de plus qu’en 2021. Une tendance atténuée par le gros œuvre (261 ; +31 %) et en particulier la maçonnerie générale (+28 %).
Le second œuvre en revanche affiche une dégradation rapide (689 ; +73 %). C’est particulièrement le cas dans les travaux de menuiserie bois et PVC (+81%) ou de plâtrerie (+81 %). Les travaux publics accusent une dégradation de +68 %.
Commerce
Le commerce dépasse également 1 000 défauts (1 077), en hausse de 56,3 %.
Le commerce de détail affiche les tendances les plus sévères (673 ; +85 %) notamment dans l’équipement du foyer (+156 %) le détail alimentaire (+100 %), le multi-rayons (+ 85 %) ou l’habillement (+85 %).
Services
Dans les services aux entreprises (566), la hausse est limitée à +31,3%. Toutefois, le nettoyage de bâtiments accuse une évolution plus sévère. A l’inverse, le conseil en communication et gestion résiste (+21 %) et mieux encore, l’activité de sécurité (-17 %).
Dans les services aux particuliers, la fragilité est en revanche extrêmement marquée (+114 %). La dégradation est très rapide dans les activités de coiffeurs (+127 %) et soins de beauté (+129 %).
Industrie
Dans le secteur de l’industrie, les défaillances d’entreprises augmentent rapidement (400 ; +75 %). 146 procédures ont été ouvertes en agroalimentaire (+103 %), parmi lesquelles 101 boulangers-pâtissiers (+130 %).
En manufacture (254 ; +63 %) la dégradation est forte dans les activités de bois et matériaux de construction (+92 %).
Transports
Le retournement, sensible dans le transport routier de marchandises (114 ; +70 %), est plus prononcé dans l’interurbain (+104%) que dans le transport de proximité (+42%).
Restauration
Dans les activités de restauration le nombre de défaillances (507) s’est envolé de 171% tiré par la restauration assise (317 ; +202%). La restauration rapide (185 ; +153%) est également durement touchée ainsi que les débits de boisson (107 ; +91%). L’hébergement s’inscrit dans cette même tendance (43 ; +105%).
Agriculture
Dans l’agriculture, qui semble résister (124 ; +29 %), l’élevage (+30%) compte 73 défaillances, un niveau jamais atteint au cours des deux dernières décennies.