L’été n’a pas été de tout repos pour les entreprises françaises, après un printemps économique déjà compliqué. 14 371 défaillances d’entreprises ont été enregistrées au troisième trimestre, un niveau inédit pour une période estivale.
Derrière ce chiffre, 52 000 emplois menacés, et des milliers de commerçants, d’artisans, d’industriels ou de dirigeants de PME qui, malgré des mois d’efforts, ont vu leur trésorerie vaciller et leurs carnets de commandes s’alléger.
Un été record pour les défaillances d’entreprises
Près de 6 800 défaillances ont été recensées sur le seul mois de septembre, un niveau qu’on n’avait plus connu depuis 2009, en pleine crise financière.
Sur un an, la hausse des défauts reste contenue à +5 %, mais le redressement est encore incertain.
Pour Thierry Millon, directeur des études Altares, cette situation illustre « une économie plongée dans un épais brouillard. L’incertitude est encore montée d’un cran, gelant les décisions d’investissement et d’embauche, même chez les dirigeants les plus aguerris. »
Les petites entreprises en première ligne
Les TPE et micro-entreprises continuent d’encaisser le choc.
Près de 10 500 structures de moins de trois salariés ont fait défaut ce trimestre (+6 %). Ces petites structures, souvent familiales, incarnent pourtant le cœur de l’économie locale. Dans un contexte où la consommation reste en berne et les coûts toujours élevés, elles peinent à maintenir le cap.
Les entreprises un peu plus structurées ne sont pas épargnées :
- les TPE de 6 à 19 salariés affichent une hausse des défauts de +9 %,
- les PME de 10 à 19 salariés dérapent de +13 %,
- et 46 entreprises de plus de 100 salariés ont elles aussi basculé, menaçant à elles seules près de 10 000 emplois.
Au total, 52 000 postes sont aujourd’hui fragilisés. Derrière ces chiffres, il y a autant de vies professionnelles suspendues, d’équipes en attente, de projets en pause.

Des secteurs qui résistent, d’autres qui décrochent
La crise ne frappe pas tous les secteurs avec la même intensité.
- L’industrie manufacturière dérape (+17 %), avec une métallurgie et une mécanique particulièrement touchées (+54 %).
- Les services aux entreprises souffrent également (+9 %), en particulier dans la sécurité, le nettoyage ou le conseil.
- L’agriculture connaît un trimestre très délicat (+27 %), affectant aussi bien les cultures que l’élevage.
En parallèle, certaines branches parviennent à maintenir la tête hors de l’eau :
- la construction reste globalement stable (+2 %), portée par le gros œuvre et les travaux publics ;
- le commerce de détail résiste (+2 %), soutenu par les petites surfaces alimentaires et les enseignes d’équipement du foyer ;
- et même le secteur du transport routier de marchandises montre des signes d’amélioration (-15 %).
Ces tendances rappellent que la crise n’est pas uniforme : elle touche différemment selon les territoires, les tailles d’entreprise et la nature de l’activité.
Les vieilles entreprises rattrapées par une économie fragile
Phénomène marquant ce trimestre : les entreprises les plus anciennes sont désormais rattrapées par les difficultés économiques.
Près de 3 000 structures de plus de 15 ans ont été placées en procédure, soit une hausse de 18 %.
Ces entreprises paient aujourd’hui le prix de plusieurs années d’incertitude et d’une reprise freinée par les hausses de coûts et le ralentissement de la demande.
À l’inverse, les jeunes entreprises de moins de trois ans continuent de défaillir en nombre (plus de 2 000), mais dans une tendance plus contenue (+7 %).
Quelques éclaircies à l’horizon
Malgré des chiffres inquiétants ce semestre, des signaux positifs apparaissent.
La proportion de liquidations judiciaires directes recule légèrement, au profit des procédures de redressement ou de sauvegarde. Ces dispositifs permettent à davantage d’entreprises de tenter de se restructurer, trouver un repreneur ou rebondir.
Thierry Millon y voit une raison d’espérer :
« Plusieurs signaux laissent entrevoir un horizon plus dégagé. […] La capacité de résilience des entreprises n’est plus à démontrer. […] Autre indicateur encourageant, le taux d’impayés mensuels des PME [… est contenu sous 1 %. […] Une stratégie prudente et sélective doit permettre aux entreprises de renouer avec une dynamique de conquête, momentanément mise en pause. »
Pour connaître l’intégralité des tendances du trimestre par secteur, taille d’entreprises et région, téléchargez gratuitement l’étude Défaillances d’entreprises T3 2025 d’Altares.