Laurent Auffret, Senior account executive chez EcoVadis, nous parle des nouvelles réglementations qui poussent les entreprises européennes à évaluer leurs partenaires en matière de performance RSE (Responsabilité Sociétale d’Entreprise).
Pouvez-vous nous présenter EcoVadis ?
EcoVadis on est une agence française de notation sur la performance RSE des entreprises, créée en 2007 par deux co-fondateurs qui sont toujours co-présidents. Nous évaluons des entreprises à travers le monde entier dans tous les secteurs d’activité, et nous avons déjà évalué plus de 110 000 entreprises à travers 175 pays. Nous accompagnons plus de 1000 entreprises dans leur démarche d’achats responsables, c’est-à-dire l’engagement des fournisseurs sur le partage de leur performance RSE. Nous sommes depuis 2022 entreprise à mission, avec pour but de guider les entreprises vers un monde durable.
Parlez-nous de l’apport d’Altares dans votre métier ?
Altares est le partenaire technologique d’EcoVadis, qui nous offre la possibilité d’intégrer nos données RSE dans la solution de conformité des entreprises indueD. Cela permet aux entreprises qui utilisent la solution d’ajouter le volet performance RSE à leur évaluation des tiers, avec notamment la cartographie du risque RSE, et d’accéder aux informations de score ESG des fournisseurs, à intégrer dans le profil du fournisseur.
Pourquoi intégrer la RSE aux enjeux de conformité ?
La conformité des entreprises ne se limite pas aux enjeux de réglementation, les entreprises doivent aussi s’assurer de l’éthique de leurs tiers, qui a un impact sur leur propre entreprise. C’est pour cela que cartographier les risques de RSE est devenu important. La RSE englobe différentes thématiques telles que l’environnement, mais aussi le droit social, les droits de l’homme, l’éthique des affaires et également les achats responsables.
La RSE était jusqu’ici une démarche volontaire, comment est-elle devenue réglementaire ?
Selon les scientifiques, entre 3,3 et 3,6 milliards d’individus vont être impactés par le changement climatique. Face à ce constat, l’Union Européenne, comme d’autres zones géographiques, a pris en considération ces impacts et en a tiré des réglementations pour les diminuer et atteindre la neutralité carbone. Les entreprises ont un impact global sur le changement climatique, et doivent donc en prendre la mesure et la responsabilité. Il existe aujourd’hui une vingtaine de réglementations qui prennent en compte la chaîne d’approvisionnement, c’est-à-dire les fournisseurs, mais tous les pays ne se sont pas encore saisis de ces sujets d’un point de vue légal. En revanche certaines entreprises n’ont pas attendu la réglementation pour se conformer au sujet de la RSE, et appliquent les critères de performance RSE non seulement aux entreprises européennes mais également à celles situées en dehors mais qui font affaire avec l’UE. Les entreprises vont devoir se conformer à ces enjeux RSE dans les prochaines années, et même dès à présent pour certaines, si elles ne veulent pas être sanctionnées financièrement. Mais dans la recherche de plus de transparence en matière de RSE, les entreprises vont rencontrer des difficultés pour engager l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement.
C’est pour cela qu’il existe des réglementations notamment françaises type Devoir de vigilance ou loi Sapin 2, qui rendent responsables les entreprises donneuses d’ordre de ce qu’il se passe dans leur chaîne d’approvisionnement.
EcoVadis et Altares proposent des solutions qui permettent aux entreprises de faciliter la mise en place de ces démarches d’achats responsables par des questionnaires, des évaluations, une cartographie des risques affinée, un screening documentaire (rapports RSE, certificats ISO, etc), un monitoring…
Quels sont les risques pour une entreprise dont les fournisseurs ont une mauvaise performance RSE ?
Il existe des sanctions financières, mais aussi le risque de perdre des actionnaires, des clients, ou de se voir accuser de greenwashing si l’on tient un discours en accord avec la RSE, mais qu’une information contraire remonte depuis la chaîne d’approvisionnement.
L’image de l’entreprise peut d’ailleurs être fortement impactée par les agissements de ses fournisseurs. Dans un contexte de pénurie de talents, la prise en considération de ces enjeux de RSE peut s’avérer très bénéfique pour attirer des nouveaux talents en entreprise, garder ceux qui sont déjà présents, et s’assurer d’une certaine pérennité.
Quelles sont les bonnes pratiques pour améliorer sa performance RSE ?
Pour intégrer les enjeux RSE dans sa démarche d’achats responsables, il faut évaluer les fournisseurs présentant des risques importants mais pas seulement, avec des questionnaires vérifiés. Il faut également prendre en compte l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement qui peut compter des milliers de fournisseurs. La cartographie des risques RSE pour la création de profils de risque en temps réel permettrait d’être complémentaire avec ces approches pour pouvoir prioriser les évaluations, faire monter en compétences les équipes sur les sujets de la RSE, et pouvoir adapter ces démarches dans le temps de manière pérenne.