Délais de paiement interentreprises en France en 2024 : les chiffres de l’Observatoire inquiètent

28 juillet 2025

Alors que la conjoncture économique reste fragile, le rapport 2024 de l’Observatoire des délais de paiement interentreprises de la Banque de France dresse un état des lieux préoccupant. Après une période de stabilisation post-Covid, les retards de paiement repartent à la hausse, impactant fortement les trésoreries, en particulier celles des PME.

Les délais de paiement interentreprises se détériorent dans le secteur privé en 2024

Au quatrième trimestre 2024, les retards de paiement des entreprises françaises privées s’élevaient à 13,6 jours de retard en moyenne, contre 12,6 jours un an plus tôt. La France repasse ainsi au-dessus de la moyenne européenne de 13,4 jours.

Cette dégradation s’explique par une conjoncture tendue : inflation, baisse d’activité dans certains secteurs, et fragilité persistante des PME.

Les entreprises de plus de 1000 salariés restent les plus mauvais payeurs avec des retards moyens atteignant 18 jours, malgré une légère amélioration. À l’inverse, les PME et microentreprises adoptent des comportements plus vertueux : plus de 67 % des PME et plus de 75 % des microentreprises paient leurs fournisseurs avant les 60 jours légaux.

Par ailleurs, les retards de paiement les plus longs, excédant 30 jours, continuent d’augmenter en 2024, affectant plus de 9 % des entreprises françaises (contre 8,3 % à fin 2023).

Un coût financier élevé pour les PME

Les retards de paiement ne sont pas sans conséquence sur le tissu entrepreneurial français. L’Observatoire estime que leur suppression aurait permis aux PME de disposer de 15 milliards d’euros supplémentaires de trésorerie en 2024. Ce manque à gagner provient majoritairement des retards subis par ces entreprises de la part des grands donneurs d’ordre.

Une situation contrastée selon les secteurs

Certains secteurs tirent leur épingle du jeu :

La construction reste en-dessous de la moyenne, avec 11,5 jours de retard.

L’industrie et le commerce connaissent une dégradation mais demeurent à des niveaux raisonnables (11 et 12 jours de retard).

En revanche, les retards explosent dans les services aux entreprises (17,3 jours), l’information et communication (18,6 jours), et surtout les activités financières et assurantielles, où la dégradation est la plus rapide (+6 jours entre T4 2023 et T4 2024).

Des disparités régionales et structurelles

Sans surprise, l’Île-de-France affiche les plus mauvais résultats, avec 18,1 jours de retard en moyenne, devant la PACA (13,6 j) et la Corse (13,5 j). En bas du classement, la Bretagne se distingue par ses bons résultats (10,9 j), bien qu’en légère hausse par rapport à 2023.

carte delais de paiement interentreprises en France 2024

L’analyse des retards de paiement en 2024 révèle une hétérogénéité marquée selon la taille des entreprises, confirmant des déséquilibres structurels déjà observés les années précédentes. Les retards les moins importants sont enregistrés par les entreprises de 3 à 9 salariés, tandis que les entreprises de plus de 1 000 salariés restent les plus en retard avec 18 jours !

Le secteur public, un modèle en amélioration

Du côté de l’État, les nouvelles sont meilleures : les délais de paiement interentreprises moyens s’élevaient à 14,2 jours en 2024, et plus de 89 % des paiements sont effectués en moins de 30 jours. Les collectivités locales améliorent aussi leurs délais, même si les écarts entre territoires restent importants.

Le secteur hospitalier public, en revanche, affiche une forte dégradation : 63,4 jours (+2 jours) en moyenne, et jusqu’à 121,5 jours (+10 jours) dans les territoires d’outre-mer !

Des leviers d’action encore sous-exploités

L’Observatoire met en avant plusieurs axes pour améliorer la situation :

  • Une hausse des sanctions : +18,5 % d’amendes notifiées par la DGCCRF en 2024.
  • La publication d’un guide des bonnes pratiques.
  • La promotion de la labellisation pour récompenser les bons payeurs.
  • Une meilleure gestion de la trésorerie et une simplification des obligations de reporting via la plateforme Chorus Pro.

2024 marque un retournement de tendance : les efforts observés les années précédentes s’essoufflent et les tensions sur les trésoreries s’accentuent.

Le respect des délais de paiement interentreprises est un enjeu stratégique pour la solidité financière des entreprises françaises. En période de tension économique, il devient un levier de résilience et de compétitivité. L’amélioration des pratiques passe autant par la transparence, que par l’exemplarité des grands donneurs d’ordre, qu’ils soient publics ou privés.

Retrouvez l’intégralité du rapport de l’Observatoire des Délais de Paiement interentreprises en France en 2024 en téléchargement gratuit :

Altares Dun & Bradstreet

Altares Dun & Bradstreet

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