Après le grand paradoxe 2020, vers une explosion des défaillances en 2021 ?

15 mars 2021

Sommaire

L’année 2020 restera gravée dans les mémoires comme l’année où la Covid-19 a mis à l’arrêt la planète entière, avec des conséquences économiques et sociales très sévères pour les entreprises et leurs salariés. Pourtant, 2020 restera aussi une année de grand paradoxe. En France, le nombre de défaillances d’entreprises a drastiquement diminué pour atteindre son plus bas niveau depuis 30 ans… La raison ? Les dispositifs gouvernementaux mis en place pour soutenir les entreprises ont permis de préserver les trésoreries et d’absorber le choc. Depuis, les campagnes vaccinales largement déployées permettent d’espérer une reprise économique sur la seconde moitié de l’année 2021.

Les défaillances d’entreprises en 2020 et début 2021

Le nombre de défaillances en France en 2020 a largement chuté : 32 184 en 2020 vs 52 002 en 2019, soit – 38,1%, niveau le plus bas observé depuis 30 ans en France…

Nombre d’entreprises ont été préservées de la faillite grâce aux aides de l’État, de ce fait les demandes de sauvegarde ont été très peu nombreuses : elles ont représenté moins de 3% des procédures (une baisse de 14%), ce qui n’est pas forcément une bonne chose. En effet, les redressements judiciaires ont par ailleurs augmenté (ils représentent 25% des procédures en 2020), tout comme la liquidation judiciaire qui atteint 68% du total des procédures.

Les procédures collectives ont été retardées, mais pas toujours évitées in fine, les entreprises concernées se sont présentées au tribunal dans une situation de détresse financière telle que la liquidation directe a dû être prononcée (quand la sauvegarde aurait pu être envisagée quelques mois plus tôt) : 72,5% de procédures collectives ont été des liquidations directes (23 321, soit -33,7%).

Quelques secteurs d’activité sont particulièrement en difficulté : la restauration collective, les agences de voyage, la projection de films cinématographiques, le commerce interentreprises de mobilier de bureau, le commerce ou la fabrication d’articles de maroquinerie et de voyage, ou encore la fabrication de bières.

Le recul des défaillances concerne l’ensemble du territoire français, avec une tendance encore plus marquée dans certaines régions.

La prévention de mise pour une bonne reprise économique

Au tribunal, la tendance de début 2021 reste la même que celle de 2020 : peu d’audiences d’entreprises en difficultés. Sur la période 2017 – 2020, le niveau de conciliations homologuées reste stable, et ce jusqu’à fin 2020 où un pic historique (+25%) est enregistré. La prévention a été beaucoup appliquée par de grands groupes, contrairement aux petites entreprises.

« Une information sur la prévention est plus que nécessaire car si on ne traite pas de problème comme une grande cause nationale, ça ne fonctionnera jamais ». Georges Richelme, ancien Président de la Conférence générale des juges consulaires de France.

Freins et leviers à la reprise économique

Zombification de l’économie ?

L’OCDE définit comme « zombies » les entreprises « ayant au moins dix ans d’âge et un revenu opérationnel insuffisant pour couvrir leur charge d’intérêts pendant trois années consécutives. »

Sur 1 050 000 bilans analysés par Altares-D&B, 55 100 concernent des entreprises zombies, soit 5,3%. Ces entreprises présentent un risque de défaillance 2,5 fois plus élevé que les autres. Cependant, il n’y aurait pas lieu de s’alarmer d’après la Direction Générale du Trésor Public, qui ne légitime pas la crainte d’une zombification de l’économie.

Pour l’OCDE, « le soutien financier à la liquidité des entreprises et les modifications temporaires des procédures d’insolvabilité ont permis de réduire les faillites, en moyenne, de plus de 30% par rapport à la période pré-pandémique. Les mesures politiques ont peut-être protégé des entreprises viables et productives et évité les risques systémiques posés par une vague de faillites, mais au risque de maintenir potentiellement à flots des entreprises non viables (zombies) ». Il demeure donc prudent de repérer ces entreprises dans les portefeuilles clients (ce qu’Altares fait au travers de ses solutions de gestion du risque).

Impact d’une cyberattaque

Les cyberattaques ont un impact très significatif sur :

  • le risque de défaillance (+88% au 6ème mois),
  • le comportement de paiement (+55% au 6ème mois).

La société BESSE, conseil et courtier en assurance d’entreprises, a sollicité l’expertise de la Data Science Altares-D&B pour mesurer l’impact d’une cyberattaque sur la valorisation des entreprises non cotées.

Il est apparu que le contexte de crise sanitaire et économique que nous vivons augmente l’impact d’une cyberattaque sur des entreprises déjà très fragilisées. De plus, le risque d’être victime d’une telle attaque est décuplé par la digitalisation généralisée de l’organisation du travail.

Le PGE, une bombe à retardement ?

650 000 entreprises françaises ont bénéficié du Prêt Garanti par l’État, pour une enveloppe globale de 132 milliards d’euros. Le PGE a été fondamental pour redonner de la trésorerie aux entreprises. Sans ces aides, la France aurait enregistré beaucoup plus de défaillances d’entreprises et un manque de trésorerie inquiétant. 94% de ces PGE ont été accordés à des TPE/PME, mais toutes les entreprises ne seront pas en capacité de le rembourser (5 à 6%). Le PGE fait-il pour autant peser un risque sérieux ou est-il au contraire un nécessaire levier de trésorerie pour gagner la reprise ? 5% des PGE seraient remboursés très rapidement et 76% seraient remboursés sur 5 ans, dont 60% différés d’un an, et 40% de 2 ans : la majorité des bénéficiaires devrait se montrer exemplaires en termes de remboursement.

Les délais de paiement pendant la crise Covid-19

L’observatoire Altares des délais de paiement – DunTrade – a constaté une explosion des retards de paiement au cours de l’été 2020, une situation que la France n’avait plus vécue depuis 15 ans. La situation s’est par la suite sensiblement améliorée dès octobre et jusqu’à la fin de l’année, puis au début de l’année 2021, tout en conservant des retards supérieurs à la période d’avant crise (moins de 13 jours). Vigilance donc, les retards de paiement d’aujourd’hui augurent les défaillances de demain, le PGE à un rôle important à jouer. La population à risque élevé a notamment présenté une augmentation importante de ses délais de paiement, avec +10 jours en 2020. Pour améliorer la situation de ces délais, la DGCCRF ciblera en 2021 ses contrôles sur les grandes entreprises et ETI ayant bénéficié d’un PGE.

Perspectives 2021

« Si les défaillances ont tant reculé en 2020, c’est en partie parce que ces deux administrations (Urssaf et DGFIP), qui sont habituellement à l’origine de près de 40% des assignations au tribunal de commerce, ont cessé purement et simplement leur recours » (Eric Feldmann, Président du tribunal de commerce de Lille – Option Finance 22 février 2021).

Les entreprises seront-elles capables de régler les dettes sociales et fiscales accumulées lorsque leur paiement sera réclamé ?

2021 pourrait retrouver le niveau de défaillances de 2019, avec plus de 50 000 défauts.

Face à cette forte menace, les chefs d’entreprise doivent solliciter l’aide du tribunal de commerce au plus tôt, faute de quoi aucune alternative à la liquidation judiciaire directe ne serait possible.

La vague de défaillances redoutée peut-elle être évitée ?

Vous pouvez revoir l’intégralité du webinar du 24 février sur ce sujet, animé par Michel Di Martino, Président d’honneur du Tribunal de Commerce de Lons le Saunier, doublement expert-comptable et commissaire aux comptes, et Thierry Millon, Directeur des études Altares.

Altares Dun & Bradstreet

Altares Dun & Bradstreet

Expert de l’information sur les entreprises, Altares collecte, structure, analyse et enrichit les données BtoB afin de les rendre « intelligentes » et faciliter la prise de décision pour les directions générales et opérationnelles des entreprises. Le groupe propose son expertise sur toute la chaine de valeur de la data. Partenaire exclusif en France, au Benelux et au Maghreb de Dun & Bradstreet, 1er réseau international d’informations BtoB, Altares se positionne comme le partenaire de référence des grands comptes, ETI, PME et organisations publiques, en leur offrant un accès privilégié à ses bases de données sur 500 millions d’entreprises dans 220 pays.

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